Après le congrès de Lille cet été, me voici de retour de la journée d'étude organisée par la commission handicap de l'ABF et la BPI :

Du bonheur !

Moins d'aventures, mais tout autant de plaisir pour cette journée thématique intitulée « Handicap mental et bibliothèques ».

Service public, service aux publics et leurs mises en application, c'est le très bref résumé de la journée. Il y a les vidéos de la journée à retrouver sur le site de la Médiathèque de Toulouse.

Des bibliothèques de toutes tailles ont établi des partenariats avec des structures accueillant des personnes en situation de handicap mental pour des ateliers et des animations qui mettent en valeur le talent de ces individus.

La médiathèque de Troyes nous a présenté son projet « Graine de couleur ». Ce travail a été réalisé sur cinq ans en partenariat avec un Institut Médico-Educatif (IME) qui forme des jeunes de 14 à 20 ans aux métiers des espaces verts. Les professionnels impliqués venaient de divers horizons : éducateurs, jardiniers, plusieurs groupes de personnes en situation de handicap et bien sûr des bibliothécaires. Dans ce cadre, une exposition a été créée, ainsi qu'un Abécédaire sur les couleurs et les plantes tinctoriales avec des parcelles cultivées d’inspiration médiévale, des dessins botaniques, un herbier et un nuancier réalisé à partir des plantes tinctoriales. La présentation de ces productions a été extrêmement soigné, ornée de magnifiques enluminures. Tout au long des cinq années un journal de bord du projet été tenu et les jeunes acteurs de ce projet ont découvert à travers ce travail une nouvelle façon d’apprendre, de lire, d’écrire et de prendre place dans la société.
Ce projet est visible sur le site de la médiathèque. Cette structure mène également un partenariat ancien avec un Etablissement et Service d'Aide par le Travail (ESAT) musical.

De son côté, la ludothèque de Gonfreville-l'Orcher travaille entre autre avec des animations pour un public mixte, qui accueillent des binômes formés par une personne en situation de handicap et une personne sans difficulté particulière. A Romans-sur-Isère, c'est autour du pôle informatique que des actions ont été mises en place à la demande fortuite d'un groupe dans lequel une seule personne savait lire et écrire. Faute de budget, ce sont une foule de détails techniques (aménagement de la pièce, grossissement des caractères, suppression du double-clic,...) qui ont permit de mener à bien ce projet. Au départ une personne avait accès au monde de l’écrit, mais à la fin de ce travail, ils étaient beaucoup plus nombreux.
Dans les autres pays européens et dans le monde en général, les bibliothèques s'adaptent à leurs publics : l'Italie, les Pays-Bas, le Canada, la Suède, les Etats-Unis,....

Et le travail que je fais avec "ma" CLIS suit les mêmes principes que celui réalisé par des personnes expérimentées. J'en suis fière, et pas qu'un peu !
Cette année nous travaillons sur le documentaire et la première séance a été sur la classification Dewey (même pas indigeste pour eux), nous avons beaucoup réfléchi et argumenté nos désaccords, comme je l'avais fait moi-même en formation avec Marie-Hélène. Travailler avec ces enfants est toujours un régal d'autant qu'avec le temps (c'est la 3ème année que je réfléchis au monde de l'écrit avec eux) je vois leur relation au livre s'épanouir, leur place dans le groupe se faire, la compréhension et l'appropriation de la bibliothèque se mettre en place... Que de victoires, au moins entre les remises en questions comme lundi, ils avaient tous un documentaire entre les mains et les deux premiers auxquels je demande si leur livre raconte une histoire inventée m'assurent que oui... j'ai cherché l'erreur auprès de la maîtresse, ma question est-elle trop compliquée pour la classe ou pour ces deux enfants ? Ce sont ces enfants qui ne percevaient pas clairement la différence entre informations réelles et histoire de fiction, les suivants ont très bien répondu, j'ai été rassuré sur mon travail....
Fin de ma digression enthousiaste !

  Lors de cette journée d'étude, de nombreux échanges m'ont également rappelé à quel point la formation d'auxiliaire de bibliothèque nous a formé à un métier, bien plus qu'à un diplôme. Nous n'avons pas appris à accueillir un enfant, une personne âgée, un handicapé,... mais nous avons appris à adapter notre accueil à la personne qui se présente à nous et à ses spécificités. Nous n'avons pas appris de recettes magiques mais des principes souples qui laissent l'espace à notre savoir être et à notre créativité.

  Un plaisir de plus pour cette journée : j'ai enfin pu rencontrer Marie-Noëlle Andissac la responsable de la Commission Handicap de l'Association des Bibliothécaires de France que je ne connaissais que par mail.
J'ai également revu de nombreuses personnes croisées à Lille, que le monde est petit, … en tout cas celui des bibliothèques...

Voilà, vous savez tout, ou presque de mon périple éclair dans la ville rose, si vous souhaitez continuer votre chemin vers les personnes handicapées, consultez les sites internets  ci-dessous, et surtout partagez votre plaisir, c'est tout ce qui compte dans notre métier .

Sitographie :

Ludothèque de Gonfreville l'Orcher :
http://www.ludotheques-haute-normandie.org/Presentation-de-la-ludotheque-de,58.html

Médiathèque Toulouse
http://pro.bibliotheque.toulouse.fr/experimentations-colloques-journees.html

Médiathèque Troyes : Projet de la graine à la couleur.
http://www.mediatheque.grand-troyes.fr/webmat2/archives/_/nv/les-ateliers/menois/acc-menois.htm