Nouveaux usages, nouveaux métiers

 

Quelques images  de la visite de la Médiathèque Intercommunale d'Evaux-Chambon en compagnie de nos collègues Laurence Guiroux, Marine Laurence, et de Mme Creuzon maire de Chambon qui nous ont reçu très agréablement.

La médiathèque est un lieu chaleureux, original et bien conçu qui allie beaucoup de "trouvailles" particulièrement bien réfléchies, en adéquation avec les attentes de son public, et qui en plus, s'adapte efficacement aux contraintes structurelles fortes d'une ancienne école. C'est une bibliothèque à la fois moderne, simple et très ouverte, qui décline de manière inventive les nouveaux usages dont nous parlons tant ! Une jolie performance !

Avec ce lien vous découvrirez quelques aspects de la médiathèque et à cette adresse une petite histoire photographique....

 

Agnès Gastou, présidente du groupe et Thierry Grognet Inspecteur des bibliothèques.

 

Intervention de Morgane Derouet de la "petite  bibliothèque ronde" qui a conquis son auditoire par son enthousisame, son dynamisme et l'inventivité professionnelle de son équipe.

Présentation  de Morgane Derouet

 

Intervention d 'Alain Maury, Bibliothécaire à la BDP de la Corrèze pour présenter le nouveau portail de son établissement, ainsi que les moyens nécéssaires à sa future mise en place. Des éléments de réflexion forts intéressants sur les nouvelles fonctionnalités du site et les implicaions des personnels.

 

Table ronde animée par Daniel Le Goff directeur de la Bfm de Limoges, avec Maryse Causse-Guimbard directrice de la Médiathèque de Panazol  (ouverture octobre 2012) et Dominique Peignet directeur de projet de la future Médiathèque du grand-Angoulême.

Avec cette adresse vous pourrez connaîte la future bm de Pananzol et aussi le projet d'Angoulême.
 


De notre envoyé spécial Philippe Pineau, Vice-président: notes et impressions de la journée.


Nos collègues de la belle médiathèque d’Evaux-Chambon accueillent chaleureusement les participants en présence de Madame Cécile Creuzon, maire de Chambon-sur-Voueize et font visiter leur nouvel équipement. Les bibliothécaires notent au passage de nombreuses idées car l'aménagement a été remarquablement pensé, en particulier l’adoption par la médiathèque des pictogrammes de la Bibliothèque Permeke d’Anvers, ce qui illustre parfaitement l’enrichissement que procurent les voyages d’études du groupe régional et la participation au congrès de l'ABF.

Thierry Grognet, à qui revient de traiter le sujet redoutable « Faut-il encore des bibliothécaires ? » propose quelques idées et invite à réagir. Prenant l’exemple des Pays-Bas, il remarque que les bibliothèques emploient moins de personnels (externalisation du traitement des commandes) et qu’elles sont plus fréquentées, ce qui pose la question de l’économie des moyens, notamment pour l’administration centrale. Il ajoute aussitôt que, oui, il faut toujours des bibliothécaires (pour le rôle d’interface, le processus d’acquisition/élimination, l’animation de la bibliothèque, le vrai problème étant le temps passé au catalogage) ; mais qu’il ne faut pas que des bibliothécaires pour que les bibliothèques soient ouvertes le plus possible, la bibliothèque étant avant tout un lieu. Il se dit raisonnablement optimiste, car l’augmentation des bibliothèques implique nécessairement des recrutements de personnels avec, au premier chef, des bibliothécaires.

Le débat s’engage sur le thème du bénévolat qui reste un sujet problématique pour plusieurs raisons. La bibliothèque est le seul service public accueillant des bénévoles. Il est donc nécessaire de rééquilibrer l’offre de service en défendant une exigence professionnelle, les bibliothécaires étant de plus en plus nombreux et le CNFPT formant des professionnels. En outre il existe un problème sociétal, l’avenir des jeunes étant incertain, les concours n’étant pas organisés. Pour autant, la place des bénévoles est reconnue comme étant une composante du réseau de la lecture publique en milieu rural surtout, et il est important de considérer que leur engagement, soutenu par une formation de qualité, participe du vivre ensemble de la communauté. A ce stade de la discussion, tous sont d’accord pour dire que le bénévolat ne doit pas être un processus de substitution ; ce qui n’empêche pas de poser la question : « C’est quoi le métier de bibliothécaire aujourd’hui ? » Le temps libéré par l’abandon du catalogage n’a pas été forcément rentabilisé, ce qui ne signifie pas qu’il n’a pas été réinvesti ; mais nous nous heurtons à la faiblesse en France de l’évaluation des services, au manque de visibilité de certaines pratiques comme les interventions hors les murs ou les contacts avec les élus. Par ailleurs, comment s’articule la dimension élus-bibliothécaires professionnels-bénévoles ? En termes institutionnels et en termes d’économie des services ? Nous ne savons pas encore répondre de façon ferme dans un contexte de changement. Tout au plus pouvons-nous dire que le temps de bénévolat, lié comme son nom le dit à la bonne volonté des personnes ayant du temps disponible à offrir,  n’est pas le temps de l’exercice professionnel, plus structuré. Les personnes bénévoles ne peuvent qu’être un renfort dans l’organisation générale de la bibliothèque par les professionnels.

Morgane Derouet, bibliothécaire à la Petite Bibliothèque Ronde de Clamart, tentera pourtant d’apporter à sa manière une réponse aux questions posées, en déclinant, comme bibliothécaire dans une association, les missions et les projets de l’équipe formée de bibliothécaires mais aussi d’autres métiers de la communication et de la culture. Cette pluralité des métiers est la condition même du dynamisme de la bibliothèque dont les origines prestigieuses en 1965 et l’évolution historique jusqu’à la création de l’association La Petite Bibliothèque Ronde  en 2007 ont été rappelées. Celle-ci est devenue une bibliothèque ouverte sur le quartier pour les publics jusqu’à 12 ans, dans une optique où la bibliothèque n’est pas seulement l’espace de rencontre entre l’enfant, le livre et l’école, mais est un lieu de culture où le numérique et le jeu sont au cœur des pratiques favorisées par les échanges avec les artistes. La polyvalence des professionnels permet aussi de créer des moments d’animations comme « Les dimanches numériques » où sont organisés des tournois parents-enfants depuis les aires Wifi, les outils iPad, les consoles Nitendo DS. Un engagement qui se joue aussi dans le développement des activités avec les gens du quartier, dans l’encouragement des jeunes à fréquenter la médiathèque de Clamart, dans la formation continue au sein d’organismes spécialisés, dans un partenariat avec des institutions comme « La souris qui raconte », « MO5.com », « Declickids » et « Le Motif », et même au plan international dans la tradition de la Bibliothèque pour enfants de Clamart. Et si être bibliothécaire aujourd’hui signifiait tout simplement l’entrain permanent et l’imagination débridée où le plaisir de raconter des histoires avec des livres se prolonge dans les découvertes suscitées par les jeux numériques ? 

Après le pique-nique tiré du sac aux succulents produits du terroir, Daniel Le Goff anime une Table ronde où Alain Maury, Maryse Causse-Guimbard, et Dominique Peignet croisent leurs réflexions sur les compétences en matière de portail web et les choix dans la constitution d’une équipe lors de la création d’un nouvel équipement. Pour Alain Maury qui joue le rôle d’interface à la BDP 19,  l’organisation d’un portail – en l’occurrence Opsys Aloes depuis 2007 – engendre le redéploiement de la matière grise dans les équipes. La disparition du catalogage permet à l’ensemble des personnels de la BDP et des dépositaires de se mobiliser sur de nouvelles tâches comme les services de réservation en ligne avec navettes mensuelles et bimensuelles sur 135 dépôts. C’est le personnel de la BDP qui produit l’information sur le web. Cela nécessite un temps de formation spécifique (78,5 journées pour 11 agents) permettant d’atteindre les objectifs que s’est donnés  la BDP en lien avec les élus du Conseil général : faire de la bibliothèque un lieu culturel attractif et faire connaître ses nombreuses ressources en vue d’attirer de nouveaux publics et fidéliser les anciens. Maryse Causse-Guimbard, directrice de la toute nouvelle médiathèque de Panazol, « un plateau de lecture lumineux » animé par une équipe de six personnes, transmet à l’assistance la réflexion des bibliothécaires sur le partenariat avec les associations qui constituent un réseau très dense sur la cité, et dit l’envie de toucher le public de proximité afin qu’il se sente chez lui et reste sur place. L’existence d’un atelier pédagogique/informatique avec la mise à disposition de 12 iPad doit séduire les citoyens qui se voient offrir une amplitude d’ouverture de 32 heures hebdomadaires pour une gratuité complète des services, comme à la BFM de Limoges. Dominique Peignet, dans une configuration très différente (création de volumes comme des boites), insiste aussi sur la centralité du thème de lieu. Les publics attendent des moments et des lieux. La fonction principale sera donc d’accueillir du public et d’aller au devant des personnes. Trois axes sont déterminés : le service public ; la logistique ; le secteur graphisme. Mais la polyvalence des personnels est recherchée. Il est prévu de changer de fonction, de métier tous les six ans. C’est en ce sens qu’est constituée l’équipe d’agents alliant ceux de la bibliothèque actuelle et des nouveaux. Les 29 agents ont deux ans pour apprendre à travailler ensemble avant l’ouverture de la médiathèque au public (5200 m²), le principe étant que l’agent qui est en relation avec le public « fait » la médiathèque. Une stimulation qui doit tenir compte des questions de grades et de catégories d’emploi, mais qui rend le métier de bibliothécaire passionnant avec une implication personnelle très importante.

Arrivé au terme de cette belle journée, la présidente du groupe régional, Agnès Gastou, conclut les interventions des uns et des autres en constatant que le monde bougeant, les bibliothèques connaissent forcément des évolutions étonnantes qui entraînent les bibliothécaires dans des aventures incroyables, très enrichissantes pour la vie de la Cité.

Philippe Pineau

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