22/10/2007 - Panorama du livre d'artistes - Thionville

 

Dans le cadre de Luxembourg et Grande Région Capitale Européenne de la Culture 2007, la Bibliothèque municipale de Thionville propose une grande manifestation littéraire et artistique labellisée : Autres Rives / Autres Livres

Se déroulant à Thionville du 19 septembre au 28 octobre 2007, elle s’est déclinée en plusieurs moments forts :

- Deux expositions : une exposition transfrontalière exceptionnelle : 184 ouvrages rares sont dévoilés au Centre Culturel Jacques Brel.

Une seconde exposition à l’Espace « In Vitro » présente les livres réalisés par cent vingt enfants des écoles de Thionville.

- Le Salon transfrontalier du livre d’artiste le samedi 13 et le dimanche 14 octobre 2007 au Centre Culturel Jacques Brel.

- Des rencontres : Une table ronde « Entre textes et images : les transfigurations du livre de dialogue dans l’espace transfrontalier » (samedi 13 octobre)

C’est dans ce cadre que l’ABF groupe Lorraine a proposé, lundi 22 octobre de 9 h 30 à 17 h, une journée professionnelle destinée aux bibliothécaires de la Grande Région,

"Panorama du livre d’artistes"au Centre Culturel Jacques Brel.

1. Le Livre d’artiste et le fonds de la Bibliothèque nationale du Luxembourg

La journée a débuté par la présentation de Malou Georges-Majerus. C’est la personne qui a constitué le fonds de livres d’artistes à la Bibliothèque nationale de Luxembourg (plus de 1000 ouvrages à ce jour, ce qui en fait un fonds très important). Son intervention, bien que très théorique et sans support iconographique, a été très intéressante, car des définitions claires ont été données, concernant :

  • le livre de peintre ;
  • le livre de dialogue (entre un peintre et un poète) ;
  • le livre illustré ;
  • le livre d’artiste

Il a été montré que le livre d’artiste est une œuvre d’art à part entière, le médium n’étant pas une toile, mais un livre.
L’acte qui fait passer du « non être » à l’être, à la forme, est l’idée.
Comme tout le monde peut avoir des idées, tout le monde est potentiellement un artiste.
Tout est possible, la seule condition est que les idées exprimées valent la peine d’être retenues. Possibilité de chaos si tout le monde se met à faire du livre d’artiste. L’artiste est le concepteur, le seul responsable du contenu et de la forme.
Il est à noter que même reproduit en plusieurs exemplaires, le livre d’artiste garde le statut d’œuvre originale, chaque exemplaire étant unique.
Le livre d’artiste répond à 4 fonctionnalités :

  • regarder : c’est un objet visuel. On ne cherche pas le sens profond. On s’adonne à la seule contemplation esthétique. On touche pour le plaisir.
  • raconter : l’artiste peut raconter son histoire ou des histoires, des faits vrais ou imaginaires (toutes les formes de récits sont possibles : carnets de voyage, romans...). Le domaine est vaste.
  • réfléchir, analyser et critiquer : inventer un monde meilleur, penser. Cela inclus l’art conceptuel, qui ramène l’art à l’idée.
  • conserver : les affinités entre le livre d’artiste et la conservation sont évidentes. Le livre est le moyen privilégié pour fixer, stocker et conserver une mémoire. Garder les traces de l’histoire.

Il revient aux bibliothécaires de fouiller dans cette multitude d’approches.

Livre d’artiste et livre illustré : des différences importantes
Le livre-objet est encore différent. Il est la forme sculpturale du livre d’artiste, en volume.

Malou Georges a terminé sa conférence sur la spécificité du fonds de la Bibliothèque nationale du Luxembourg.

2. Visite de l’exposition transfrontalière « Autres rives autres livres »

L’expo présente 184 ouvrages rares provenant de 7 bibliothèques de la grande région.

3. Un éditeur de livres d’artistes : les éditions Despalles

Spécificité : recherche autour de la lettre comme support visuel.
L’éditrice nous a présenté, en images, une brève histoire du livre « illustré », du VIIIème au XXIème siècle. Elle a insisté sur le déclin du livre à partir de 1830, avec l’avènement du papier industriel.

  • Importance de l’Angleterre, avec William Morris et William Blake (premier concepteur de ce que l’on peut rapprocher du livre d’artiste).
  • Redécouverte de la gravure sur bois et de la typographie du Moyen Age en Allemagne, au début du 20ème siècle.
  • Orientation mystique et métaphysique de Kandinsky. Sa très forte influence.
  • Le mouvement européen Dada, qui cherche à faire de la lettre une expression en soi.

Les Editions Despalles commencent par publier des affiches-poèmes, des bois gravés.
Leur but n’est pas ce diffuser en masse un texte. C’est la visualisation du texte qui importe, la fascination que celle-ci exerce. Les éditeurs ont retraduit Ovide car les traductions disponibles ne leur convenaient pas. Travail très exigeant.
En Allemagne, il existe une véritable institution, « Schönste Bücher », qui sélectionne chaque année les 50 « plus beaux livres ». Des éditeurs présentent des ouvrages uniquement pour recevoir la fiche critique, particulièrement instructive sur les « défauts » du livre.

4. Table ronde sur la place du livre d’artiste en bibliothèque (Marie-Paule DONCQUE, médiathèque de Metz - Clémentine KUNTZINGER, médiathèque de Thionville - Monique Merlin, médiathèque de Nancy)

Des « revues d’artistes » abordables : « Travers », « Plages », « Oxxo »
Commande d’un livre d’artiste par la bibliothèque de Thionville, « Tombé de rideau ». Cahier des charges : représenter les différentes techniques artistiques.
Question des budgets, à Nancy, Metz, Thionville. Entre 3000 et 6000 euros par an.

Conclusion

Cette journée a été riche en contenu. Elle a permis la découverte d’un médium artistique particulier et mis en évidence une mission périphérique mais essentielle : constituer un fonds patrimonial avec des livres contemporains, pour les générations futures. Les fonds patrimoniaux ne devraient pas être constitués uniquement de livres anciens... Qui doit-on convaincre ? Les responsables de bibliothèque et les élus.

Merci à Bruna ARNOULD pour ce compte rendu

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