La diffusion et la traduction de la littérature brésilienne en France

 

Comment se fait la diffusion de la littérature au Brésil ?

Intervention d’Anne-Marie Métailié, éditrice, compte-rendu rédigé par Régine Roussel, BDP 13.

C’est à la fin du 19ème siècle que la Librairie Garnier à Rio édite Machado de Assis, père fondateur de la littérature brésilienne. C’est à la même époque que Georges de Gentil s’intéresse à la langue portugaise et crée la 1ère chaire de littérature lusophone, permettant ainsi les premières traductions.

Dans les années 1920 participent à la semaine d’art moderne à Sao Paulo (acte de naissance du mouvement anthropophage) Oswaldo et Mario de Andrade. Ce dernier (auteur de Macounaïma) ambassadeur du Brésil en France, permettra de faire découvrir cette littérature en France. Puis Valéry Larbaud (qui parle portugais), et Blaise Cendrars, y contribueront également.

Gallimard commençant à publier quelques textes, toute la bonne société de l’avant-guerre va s’y intéresser. Mais cette littérature va devenir populaire grâce au Parti communiste qui s’intéresse à Jorge Amado et qui va être à l’origine d’un mouvement culturel important.

Dans les années 1970, lors du grand boom du roman latino - américain, les brésiliens sont curieusement absents. En fait, la littérature brésilienne se fait connaître sous formes de grandes vagues successives, de grands pics succédant à de grands creux car ce sont des individus, des personnalités qui se font connaître. Il faut ajouter aussi que les problèmes de traduction restent importants, il faudra attendre une re- traduction en 1990 pour que João Guimaraes Rosa soit enfin lu et reconnu.

La période contemporaine voit une petite reprise ; quelques éditeurs comme Gallimard publient sans relâche des auteurs brésiliens. C’est en 1979 que Anne-Marie Métailié décide de monter sa propre maison d’édition, et en 1982 elle demande des traductions suite aux magnifiques critiques brossées par Jorge Coli, critique brésilien.

En 1986, les Belles Etrangères sont consacrées au Brésil, et en 1998 c’est le Salon du Livre de Paris où sont accueillis 40 auteurs brésiliens. Puis l’effet retombe car il n’y a pas au Brésil de véritable politique culturelle ni de valorisation du livre et de la lecture. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que dans ce pays très vaste, il n’y a pas de circuit de distribution, ni de circuits de librairies, il n’y a pas d’agents littéraires qui négocient les droits. Au Brésil, l’auteur doit se débrouiller seul, et l’éditeur ne suit pas « son » auteur d’où aussi l’absence de création de catalogue.

Depuis 2003, le Brésil a changé, de vrais libraires se sont installés dans le pays. Un mouvement est en train de se développer assurant un véritable renouvellement dans l’édition. Les jeunes éditeurs se regroupent, font alliance et un nouveau salon le printemps du livre permet à de jeunes auteurs d’être publiés. On assiste maintenant à une chose complètement nouvelle, une pépinière d’ auteurs qui publie avec une extraordinaire diversité.

Anne-Marie Métailié rappelle que ses choix sont essentiellement subjectifs et qu’elle ne publie que des auteurs qui l’ont enthousiasmé comme cette année Luiz Ruffato ou Bernardo Carvalho. Pour en savoir plus, voir le site http://www.metailie.info

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