Elle s'en est allée notre amie Maria José Moura.
Grande dame de la lecture publique, Maria José Moura a entamé sa carrière de bibliothécaire au Portugal, au sortir de 20 années d'un régime autoritaire, carrière immédiatement confondue avec une vie militante de promotion et de défense de la lecture et des bibliothèques.
Profondément francophile et francophone, très tôt investie de responsabilités à la Bibliothèque nationale, à la Direction du Livre, des Archives et des Bibliothèques, au Conseil supérieur des Bibliothèques du Portugal, elle n'a pas manqué de suivre l'exemple français de développement de la lecture publique des années 70 et 80, avec le soutien de Jean Tabet, de Jacqueline Gascuel, de Gérald Grunberg pour la création d'un réseau national de bibliothèques publiques, dont elle a été le véritable artisan.
Par la suite Maria José Moura n'a jamais rompu ses liens d'amitié profonds avec la France et la langue française. Non sans se tourner plus récemment vers des modèles anglo-saxons et scandinaves plus proches des réalités socio-économiques des territoires.
Militante infatigable elle a été pendant des années, et jusqu'à ses derniers instants, présidente et/ou animatrice de la BAD, Association Portugaise des Bibliothèques et des Archives, et membre active des grandes fédérations nationales d'associations l'IFLA, EBLIDA, LIBER.
Elle a arpenté les congrès, les conférences, les journées d'étude du monde entier, en porte-parole des bibliothèques du Portugal, en active participante des recherches en matière de développement de la lecture et des bibliothèques, en analyste des programmes de recherche en bibliothéconomie.
Qui d'entre nous ne l'a pas entendue présenter dans un français parfait les avancées du réseau des bibliothèques portugaises, ou l'un ou l'autre des réseaux internationaux auxquels elle participait et qu'elle défendait, qui ne l'a pas vue assise au premier rang de tous les congrès prenant des notes, saluant avec chaleur et son grand rire tous et chacun.
Enthousiaste, convaincue, énergique, travailleuse infatigable, Maria José était aussi une femme, curieuse de tout, amicale, chaleureuse, gourmande, extraordinairement généreuse et gaie.
Globe-trotter, elle laisse dans la grande communauté professionnelle, et sur tous les continents, des amis qui, aujourd'hui pleurent sa disparition et ne manqueront pas de porter sa mémoire.
Françoise Danset
Comité éthique de l’ABF